Galerie du Raccard, St-Luc, Val d’Anniviers, Valais.
Je suis, dans mon expression, plutôt figurative, m’éloignant cependant beaucoup d’une trop proche réalité pour arriver à un résultat simplifié et épuré.
Ce qui est simple est beau.
Récupératrice, j’utilise des supports de tout genre ; tuile, marche d’escalier usée, volet, bout de bois, bout de ferraille, vielle boîte de conserve et bout de ficelle.
Ce qu’ils ont en commun ? Celui d’avoir été.
Et de renaître.
Ainsi sont nés par exemple mes assemblages « doubles » ou « couples » faits de bois et d’argile.
Concernant les sujets ; j’ai imaginé un paysage loin dans le passé d’où l’on vient et je me suis inspirée de ma phrase alors composée : « La forêt primaire recouvrait les montagnes et les aurochs paissaient tranquilles dans les plaines… »
Ancien – rouille – trace – temps
Comme sur les visages le temps marque son passage, comme sur les montagnes la pluie creuse et ravine, comme dans les forêts les arbres tombent et pourrissent, la plaque de métal subit avec l’eau et la durée une brûlure, la rouille.
C’est beau cette trace formée sur le métal.
Ce phénomène là me touche et me rappelle que rien ici n’est éternel.
Partant de là, ce moment qui basculera vers la finitude, j’ai cherché à reproduire ce phénomène de rouille en comptant beaucoup sur les éléments naturels ; le temps et la pluie.
Ainsi, je place les plaques de métal au jardin à la fin de l’été.
Avec l’automne, la pluie et les feuilles recouvrent celles-ci, puis parfois la neige. Je les retrouve « marquées » « ridées » dénichant dans les traces, des paysages invisibles de tous, qui seront plus tard mis en évidence par ma main.
A la manière des anciens, je n’utilise pas de machine pour poncer ni d’auxiliaires chimiques.
Seul le travail manuel m’importe, aidée d’un stylo à bout de nylon, de papier de verre fin et d’une éponge à rouille pour tracer mes formes.
Et il me faut du temps… beaucoup de temps, ainsi j’ai appris la patience.